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ŒDIPE SOPHOCLE LA TRILOGIE
Mise en français Jean-Paul Cathala
1 er trimestre 1997 - 125 pages - 12,5 x 26 cm - 12,00 €
En couverture : dessin de J.P. Cathala
Cela charrie, roule, rage en vous, tout au long d'une longue vie; cela vous interpelle, tourmente, trouble, vous angoisse, vous pousse aux plus exaltantes joies, dévergonde vos pudeurs, déséquilibre la raison, témoigne de la vie intérieure de tout un peuple… Les questions vertébrales s'y fondent et s'y amorcent tous les chemins de la réponse… Les Dieux, les hommes, c'est quoi la différence ? Que sont et à quoi servent ces irréductibles combats entre haut et bas ? D'ailleurs qui sont-ils, ce haut, ce bas, dans la géante œuvre diamantifère que fouaillent vos racines, d'où sourdent vos plus intimes sources ? Vous ne savez pas, vous ne saurez jamais si cela rend compte de l'homme ou si l'homme se charpente, se forge, tire sa grandeur, ses pesants mensonges de là, de cette œuvre, car cela implose vos paraître, fissure vos sédimentions arithmétique… Qui, de la source ou du delta fait que le fleuve existe ? Or, voici le poète qui s'avance, les yeux crevés et vous, vous entrez en voyance active… Ah, qu'il est obscur le soleil de l'être et comme il sait le dire le poète ! Rien n'est plus ici et maintenant que ces mots si anciens, mais c'est, à votre pauvre voix, la montagne qui répond. Écoutez, tout est là, à portée de souffle, comme un baiser de l'éternité…
Accueil, Catalogue, Sophocle La Trilogie Œdipe
Œdipe / Œdipe à Colone / Antigone
Cette très fidèle mise en français a été faite pour être, avant tout, jouée. Bien-sûr, la "Trilogie", l'Œdipodie, n'existe pas, puisque les œuvres qui la composent ont été écrites par Sophocle dans le désordre et à des époques éloignées les unes des autres. Pourtant, il y a écho de l'une à l'autre : Œdipe prévoit Œdipe à Colone et Antigone, écrite la première, porte en germe les deux autres, en est comme hantée. C'est la preuve que Sophocle portait en lui, toujours, cette saga et la pensait comme un tout. Il faudrait pouvoir l'offrir telle quelle : neuf heure d'épouvante et de compassion, l'homme et les Dieux, l'homme et le pouvoir, l'homme et lui-même…
SOPHOCLE ET SON ÉTRANGE ŒDIPODIE
SOPHOCLE est né dans un petit village : Colone (Aujourd'hui quartier ouvrier d'Athènes) en 496 ou 495 avant J.C. Il était venu dans une famille aisée, son père possédait des fabriques où l'on travaillait le fer et le bois; on raconte qu'à seize ans il conduisit, nu, le chœur qui célébra la victoire de Salamine ; plus tard, il occupa divers postes dans la notabilité démocratique ne serait-ce que par haine du pouvoir personnel ; il mourut en 406, dans ses 90 années. On pense qu'il a dû écrire cent-dix à cent-vingt œuvres pour le théâtre, soit une moyenne de deux par an. Hélas, sept seulement nous sont parvenues copiées et recopiées de siècle en siècle (Loués soient les copistes attentifs qui les ont sauvées du gouffre du temps !). D'Eschyle nous possédons une trilogie : l'Orestie; de Sophocle, non. Cependant, les trois œuvres présentées ici se rattachent à la même saga familiale et mériteraient le titre d'Œdipodie, tant de ponts existent de l'une à l'autre et pas seulement de l'ordre de la chronique...
ŒDIPE (Nom exact de la tragédie car ni Œdipe-Roi ni Œdipe-Tyran ne conviennent qui faussent l'œuvre et ne correspondent en rien aux sens actuels de ces mots), fut vraissemblablement représentée entre 430 et 426. C'est le modèle même de la forme tragique grecque et une espèce de matrice pour tout le théâtre depuis. Aristote, d'ailleurs, considérait Œdipe comme l'œuvre majeure de son temps.
ŒDIPE A COLONE (Oui ce village même où était né le poète), est la dernière œuvre de Sophocle. Son adieu au théâtre et au monde. On ne la joua qu'après sa mort, par la volonté de l’un de ses descendants. C'est à mes yeux la plus parfaite, la plus "moderne" de style et de contenu. La plus vibrante d'humanité. La seule, en outre, qui ne s'achève pas dans un bain de sang mais de façon mystérieuse.
ANTIGONE, des trois la plus anciennement représentée, en 440, est, depuis le XIXème Siècle, de par son contenu idéologique, la plus âprement discutée avec, parfois, des prises de position violentes bien loin, le plus souvent, du contenu réel de l'œuvre.
Comme on le voit, ces trois tragédies furent écrites dans un parfait désordre et pourtant, malgré les différences considérables de style, une unité fascinante se dégage de l'ensemble. Il y a eu, à la fin du dernier siècle, des tentatives de représentations de cet ensemble, notamment au théâtre d'Orange avec Mounet-Sully. Plus récemment, Jean-Pierre Vincent offrait au public les deux premières mais sans Antigone ce qui fait tomber une grande part de l'intérêt. On rêve, quand on a sa vie dévorée par le théâtre, de pouvoir un jour représenter cette longue coulée de poésie, neuf heures d'errements et de tourments avec, au bout, une sorte de délivrance et le sentiment d'avoir fait le tour de tout ce qui touche au théâtre, au monde et peut-être à soi-même. Du moins se plaît-on à le croire. Puissent les oracles nous être favorables et nous permettre cette folie. Jean-Paul CATHALA
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En couverture : dessin de J.P. Cathala
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Cette très fidèle mise en français a été faite pour être, avant tout, jouée. Bien-sûr, la "Trilogie", l'Œdipodie, n'existe pas, puisque les œuvres qui la composent ont été écrites par Sophocle dans le désordre et à des époques éloignées les unes des autres. Pourtant, il y a écho de l'une à l'autre : Œdipe prévoit Œdipe à Colone et Antigone, écrite la première, porte en germe les deux autres, en est comme hantée. C'est la preuve que Sophocle portait en lui, toujours, cette saga et la pensait comme un tout. Il faudrait pouvoir l'offrir telle quelle : neuf heure d'épouvante et de compassion, l'homme et les Dieux, l'homme et le pouvoir, l'homme et lui-même…
SOPHOCLE ET SON ÉTRANGE ŒDIPODIE
SOPHOCLE est né dans un petit village : Colone (Aujourd'hui quartier ouvrier d'Athènes) en 496 ou 495 avant J.C. Il était venu dans une famille aisée, son père possédait des fabriques où l'on travaillait le fer et le bois; on raconte qu'à seize ans il conduisit, nu, le chœur qui célébra la victoire de Salamine ; plus tard, il occupa divers postes dans la notabilité démocratique ne serait-ce que par haine du pouvoir personnel ; il mourut en 406, dans ses 90 années. On pense qu'il a dû écrire cent-dix à cent-vingt œuvres pour le théâtre, soit une moyenne de deux par an. Hélas, sept seulement nous sont parvenues copiées et recopiées de siècle en siècle (Loués soient les copistes attentifs qui les ont sauvées du gouffre du temps !). D'Eschyle nous possédons une trilogie : l'Orestie; de Sophocle, non. Cependant, les trois œuvres présentées ici se rattachent à la même saga familiale et mériteraient le titre d'Œdipodie, tant de ponts existent de l'une à l'autre et pas seulement de l'ordre de la chronique...
ŒDIPE (Nom exact de la tragédie car ni Œdipe-Roi ni Œdipe-Tyran ne conviennent qui faussent l'œuvre et ne correspondent en rien aux sens actuels de ces mots), fut vraissemblablement représentée entre 430 et 426. C'est le modèle même de la forme tragique grecque et une espèce de matrice pour tout le théâtre depuis. Aristote, d'ailleurs, considérait Œdipe comme l'œuvre majeure de son temps.
ŒDIPE A COLONE (Oui ce village même où était né le poète), est la dernière œuvre de Sophocle. Son adieu au théâtre et au monde. On ne la joua qu'après sa mort, par la volonté de l’un de ses descendants. C'est à mes yeux la plus parfaite, la plus "moderne" de style et de contenu. La plus vibrante d'humanité. La seule, en outre, qui ne s'achève pas dans un bain de sang mais de façon mystérieuse.
ANTIGONE, des trois la plus anciennement représentée, en 440, est, depuis le XIXème Siècle, de par son contenu idéologique, la plus âprement discutée avec, parfois, des prises de position violentes bien loin, le plus souvent, du contenu réel de l'œuvre.
Comme on le voit, ces trois tragédies furent écrites dans un parfait désordre et pourtant, malgré les différences considérables de style, une unité fascinante se dégage de l'ensemble. Il y a eu, à la fin du dernier siècle, des tentatives de représentations de cet ensemble, notamment au théâtre d'Orange avec Mounet-Sully. Plus récemment, Jean-Pierre Vincent offrait au public les deux premières mais sans Antigone ce qui fait tomber une grande part de l'intérêt. On rêve, quand on a sa vie dévorée par le théâtre, de pouvoir un jour représenter cette longue coulée de poésie, neuf heures d'errements et de tourments avec, au bout, une sorte de délivrance et le sentiment d'avoir fait le tour de tout ce qui touche au théâtre, au monde et peut-être à soi-même. Du moins se plaît-on à le croire. Puissent les oracles nous être favorables et nous permettre cette folie.
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